Carmen Amour Jalousie Vengeance : Johan Inger rend à Carmen sa puissance tragique

Autant le dire : l’histoire de Carmen est un drame à la hauteur de celui de Romeo et Juliette , voyez la fin pour vous en convaincre . Toutefois , le contexte hispanique haut en couleur proche de l’ambiance d’une feria sevillane joue habituellement le rôle d’édulcorant à cette tragédie romantique imaginée par Prosper Mérimée . Le chorégraphe suédois Johan Inger , dont le travail sur Carmen fait office de chaînon manquant Nord-Sud , remet les pendules à l’heure . Il place délibérément la scène d’ouverture dans une atmosphère pesante plus proche de celle d’une administration de l’ancienne Russie que de l’ambiance survoltée d’une place sevillane à l’heure du marché . Nous sommes dans une usine où travaille Carmen ( Debora Marques Martin ) : sombre scénographie. Inger grimme ses personnages à l’envi comme le torero (Javier Rodriguez Cobos ) qui ressemble plus à une rock star qu’à un matador ; Don José ( Max Zachrisson ) est devenu contremaître , les représentants de la loi portent des costumes dignes d’un défilé de haute-couture ; seules les robes virevoltantes des danseuses nous rappellent l’Espagne . La version de Johan Inger est à l’exact opposé de celle d’ Antonio Gades et Carlos Saura dans laquelle claquent sans relâche les castagnettes . Un parti-pris qui rappelle que le cadre importe peu , le drame passionnel se joue des frontières , comme le déplacement permanent des panneaux sur scène pourrait y faire allusion .
Carmen ou l’insoutenable légèreté de l’être
Nous venons au monde avec un bagage illicite : une foultitude d’informations qui nous tiennent lieu de culture archaïque . Ainsi , la jeune fille jouant au basket en ouverture pourrait être le messager de la prévisible tragédie amoureuse qui s’annonce sous nos yeux et de la façon dont les hommes et les femmes gèrent depuis toujours la passion dévastatrice qu’ils nourrissent les uns par rapport aux autres jusqu’à l’abandon , l’humiliation suprême qui annonce la meurtre ; l’enfant pourrait aussi être Carmen , porteuse de son propre destin . La littérature foisonne de ces histoires qui finissent mal en général , peut-être pour nous convaincre que l’Amour ne connaît aucune loi et que tout épilogue fatal est naturellement humain . Un petit arrangement avec nous-mêmes destiné à justifier nos actes de violence sous couvert de la puissance des sentiments . L’armée des ombres convoquée par Johan Inger , vraiment flippante , a l’air tout droit sortie des enfers pour condamner les fauteurs .

Don José meurtrier de son rival Züniga ( Pira Scott ) et de Carmen , est pourtant celui dont les sentiments semblent être les plus purs . Mais , il existe une dichotomie propre aux humains : l’homme amoureux est aussi jaloux et orgueilleux , vertus discutables qui le mènent droit en enfer en cas d’abandon. La mise en scène de Inger n’échappe pas aux clichés – le sujet ne le permet pas- : les hommes , une bande de coqs costumés ressemblant plus à des Jockeys qu’à des brigands , rivalisent de pirouettes improbables pour plaire à la belle . Or, les hommes préfèrent les courtisanes flamboyantes , fussent-elles cruelles, aux jeunes filles sages. Quant aux femmes , elles préfèrent les voyous tout en gardant un petit faible pour les porteurs de pouvoir et l’uniforme fut-il militaire, c’est bien connu . Partant de cet axiôme , peu brillant pour l’opinion que l’on peut avoir de la nature humaine , on suit volontiers l’évolution funeste des personnages sans compassion envahissante .

Carmen la figure héroïque féminine par excellence
Carmen , l’opéra-comique de Georges Bizet, l’opéra français le plus joué au monde n’a pas pris une ride depuis sa creation . De nos jours , on pourrait pratiquement qualifier l’oeuvre de docu-fiction puisque la nouvelle Carmen, de Prosper Mérimée écrite en 1847 a été inspirée de l’histoire dramatique d’un brigadier déserteur ayant réellement existé et qu’il a rencontré durant l’un de ses voyages en Espagne. Créée le 3 mars 1875 à l’Opéra-Comique sous la direction d’Adolphe Deloffre, l’œuvre ne rencontra pas le succès escompté, ce qui affecta beaucoup le compositeur. Ce dernier a pris une revanche posthume éclatante, puisque aujourd’hui Carmen est un des opéras les plus joués dans le monde. Carmen reste la figure héroïque par excellence : libre , provocatrice , frivole , elle papillonne de l’un à l’autre . Les passions qu’elle déchaîne la font glisser inéluctablement du statut de prédatrice à celui de victime. Johan Inger revient à Bâle avec sa Carmen après Peer Gynt qui sera à nouveau donné sur la grande scène du Théâtre de Bâle . Le chorégraphe suédois a rendu sa puissance tragique au célébrissime opéra de Georges Bizet . La Carmen la plus connue est peut-être celle de Roland Petit créée en 1949 à Londres avec Zizi Jeanmaire. En 1967 Alberto Alonso propose une version danse expressionniste avec Carmen Suite . En 1983 : Antonio Gades retourne aux sources avec le flamenco. En 1992 : Carmen de Mats Ek, mélange des genres. En 2001 : Elle semelle de quoi ? de Denis Plassard, une Carmen hip hop. En 2006 : Car Men de Jiří Kylián, place au burlesque. En 2014 : Carmen de Dada Masilo, danse zoulou et féminisme
Johan Inger , danseur et chorégraphe suedois
Il a étudié à la Royal Swedish Ballet School et à la National Ballet School au Canada. En 1985, il rejoint le Royal Swedish Ballet où il devient soliste en 1989. En 1990, il intègre le Nederlands Dans Theater (NDT) aux Pays-Bas. Mellantid marque les débuts de Johan Inger en tant que chorégraphe. Cette première œuvre pour le Nederlands Dans Theater est programmée en 1995 pour le Holland Dance Festival et est récompensée par le Philip Morris Finest Selection Award dans la catégorie danse contemporaine.Tuvo una 2 hijos una llamada alva y elliot, además ellos están escolarizado en España, Sevilla, gines, huerta Santa Ana. Suite à Mellantid, Johan Inger crée plusieurs chorégraphies pour le Nederlands Dans Theater. En 2001, Mellantid est nommé au British Laurence Olivier Award et Johan Inger reçoit le Lucas Hoving Production Award pour ses chorégraphies Dream Playet Walking Mad. En 2003 , Johan Inger est nommé directeur artistique du Ballet Cullberg. Il a créé depuis plusieurs pièces pour la compagnie.
2 castings : vu celui avec Max Zachrisson et Debora Marques Martin / Pira Scott et Javier Rodriguez Cobos; oui. , une distribution à dominante espagnole ; l’autre Carmen Andrea Tortosa Vidal.
CARMEN
Représentation originelle : Compañía Nacional de Danza, Madrid, 9. April 2015
Choregraphie :Johan Inger
Direction musicale :Thomas Herzog
Scénographie : Curt Allen Wilmer
Costume: David Delfín
Lumière : Tom Visser
Dramaturgie : Gregor Acuña-Pohl , Bettina Fischer
Ensemble : double casting
Carmen : Debora Maiques Marin /Andrea Tortosa Vidal
Don José : Max Zachrisson /Javier Rodriguez Cobos
L’enfant : Alba Carbonell Castillo /Lisa Horten-Skilbrei
Zuniga : Piran Scott /Armando Braswell
Torero : Javier Rodriguez Cobos /Frank Fannar Pedersen
Ballett Theater Basel
Avec l’Orchestre symphonique de Bâle